Nous aimerions tous savoir quel sera le « monde d’après ». Aujourd’hui, alors que la menace sanitaire demeure, la seule chose que nous pouvons faire, c’est regarder les évolutions induites par la fin des mesures de confinement (ou similaires). Ici nous restituons nos premières observations, réalisées au Royaume-Uni où les consignes sanitaires ont été assouplies depuis le 15 Juin.
Plus précisément, nous nous sommes intéressés aux données de navigation de cette période1 , pour les comparer à celles collectées pendant le confinement. 4 différentes situations peuvent être observées.
1. Impact négatif
Ici nous traitons des sites où les visites ont chuté pendant le confinement, et qui continuent à chuter même après le confinement !
Nous avons trouvé 3 catégories de sites qui rentrent dans ce cas. D’abord « vehicles » (voitures et autres moyens de locomotion), ce qui n’est pas réellement surprenant. Bien entendu, voitures et confinement ne vont pas bien ensemble. Et encore maintenant, soit par prudence économique, soit par souci écologique, l’achat d’une voiture ne semble pas être la première priorité.
Mais de façon plus surprenante, nous avons également trouvé deux autres catégories de sites qui correspondent à cette définition: les sites relatifs à la santé, et les sites d’information ?! En ce moment, on aurait plutôt attendu le résultat inverse !
Comme ce résultat appelle des analyses complémentaires, nous nous sommes intéressés à l’évolution de l’audience de trois sites de news (the Sun, The Telegraph, et BBC). Pour tous les trois nous trouvons une courbe similaire. Il semblerait que le public a souffert d’un trop plein d’informations sur l’épidémie. Au début (en mars), le public était fortement désireux d’avoir des informations sur la maladie. Mais, après quelque temps (dès avril), une fois qu’ils avaient toutes les informations souhaitées, ils se sont détachés des sites de news (qui de surcroît proposait des contenus principalement centrés sur le Covid).
2. Retour à la normale
Il s’agit ici de sites qui ont été fortement visités pendant le confinement; comme la gamme d’activités était limitée, le recours à ces sites, pour regarder une série ou un film, était un moyen simple de se distraire. Puisque maintenant d’autres options s’offrent à nous, ou que nous avons moins de temps à consacrer aux loisirs, ces sites sont moins visités que durant le confinement.
Le comportement à l’égard des sites de cuisine (recettes) est très proche. Nous avons déjà souligné que la cuisine fait partie des grandes activités du confinement. Aujourd’hui, soit parce qu’on est moins chez soi, soit parce qu’on a moins de temps pour cuisiner, le nombre de visites sur ces sites de recettes baisse.
Néanmoins, la situation n’est pas exactement la même pour ces deux catégories de sites.
Pour les sites d’entertainment, le « new normal » ressemble à la situation d’avant le confinement. Comment on peut le voir ci-dessous pour certains des grands noms de cette catégorie, le nombre de visites après le confinement est voisin de celui avant le confinement (à part pour Disney + qui a été lancé juste après le confinement).
Quant aux sites de recettes, la situation semble différente. Les chiffres donnent l’impression que nos voisins britanniques en ont assez de faire la cuisine : comme s’ils en avaient trop fait pendant le confinement. Les chiffres actuels de visites sont en deçà de ce qu’ils étaient avant le confinement (NB : à ce stade du processus de déconfinement au UK, pubs et restaurants sont encore fermés). Est-ce que cela dit quelque chose du « new normal » ou est-ce une période transitoire seulement ?
3. Normalisation
Certains secteurs d’activités ont été mis à l’arrêt pendant le confinement. Typiquement, pas de match de football pendant le confinement (donc moins de contenu pour les sites de sports, et moins d’opportunités de jouer pour les sites de paris) ; depuis, la premier league (championnat de football) a repris et Liverpool a gagné le championnat pour la première fois depuis 30 ans.
Dans un registre plus sérieux, les recherches d’emplois ou de logement étaient de fait à l’arrêt pendant le confinement et elles peuvent désormais reprendre.
Ces changements apparaissent clairement sur le graphe ci-dessous : les activités sur les sites d’immobilier, de recherche d’emploi et de paris ont chuté pendant le confinement et sont aujourd’hui en croissance.
Autre type de sites qui a suivi la même dynamique ; les sites relatifs aux interruptions volontaires de grossesse (avec des chiffres de visite bien moindres en valeur absolue bien sûr) ! Des « accidents » semblent être intervenus pendant le confinement…
Ci-dessous quelques chiffres pour quelques sites en particulier.
4. Impact positif
Enfin, les sites qui ont bénéficié du confinement, et qui continuent sur leur lancée. En voici 4 qui nous ont semblé intéressants.
Le site de Greenpeace : est-ce un indicateur de l’intérêt croissant porté aux questions environnementales ?
Decathlon, dont on a beaucoup parlé pendant le confinement pour l’usage médical détourné des masques de plongée… semble maintenant bénéficier commercialement de cette notoriété supplémentaire….
DHL, comme indicateur de l’usage accru du e-commerce.
Et Masterofmalt (qui est comme son nom l’indique, un site spécialisé dans les whisky) : nous savons que le confinement a été pour certains l’occasion d’une consommation accrue… qui ne semble pas s’être estompée encore…
L’écologie fera-t-elle partie du new normal ? A voir. En revanche, la réouverture des pubs et des restaurants semble bien répondre aux attentes des britanniques!
respondi UK
1 Depuis 2016, une partie de notre panel anglais a accepté de partager ses données d’usages de navigation avec nous. Ils ont tous volontairement installé une app / un logiciel qui enregistre leur comportement online. nat rep n = 1798