Nous aimerions tous savoir quel sera le « monde d’après ». Aujourd’hui, alors que la menace sanitaire demeure, la seule chose que nous pouvons faire, c’est regarder les évolutions induites par la fin des mesures de confinement (ou similaires). Ici nous restituons nos premières observations, réalisées en France où les consignes sanitaires ont été assouplies depuis le 11 mai.
Plus précisément, nous nous sommes intéressés aux données de navigation1 de cette période, pour les comparer à celles collectées pendant le confinement. 4 différentes situations peuvent être observées :
- Impact négatif
Ici nous traitons des sites où les visites ont chuté pendant le confinement, et qui continuent à chuter même après le confinement !
De façon surprenante, deux catégories de sites correspondent à cette définition : les sites relatifs à la santé, et les sites d’information?! En ce moment, on aurait plutôt attendu le résultat inverse !
Comme ce résultat appelle des analyses complémentaires, nous nous sommes intéressés à l’évolution de l’audience de trois sites de news (Lemonde.fr; lefigaro.fr, et de doctissimo.fr, le plus important forum consacré à la santé en France). Il semblerait que le public a souffert d’un trop plein dinformation sur l’épidémie. Pour tous ces sites, nous trouvons les mêmes patterns. Au début (en mars), le public était fortement désireux d’avoir des informations sur la maladie. Mais, après quelque temps (dès avril), une fois qu’ils avaient toutes les informations souhaitées, ils se sont détachés des sites de news (qui de surcroît proposait des contenus principalement centrés sur le Covid). Il en va de même pour doctissimo : un intérêt plus fort qu’à l’accoutumée puis une baisse du nombre de visiteurs.
- Retour à la normale
Il s’agit ici de sites qui ont été fortement visités pendant le confinement; comme la gamme d’activités était limitée, le recours à ces sites, pour regard une série ou un film était un moyen simple de se distraire. Puisque maintenant d’autres options s’offrent à nous, ou que nous avons moins de temps à consacrer aux loisirs, ces sites sont moins visités que durant le confinement.
Le comportement à l’égard des sites de cuisine (recettes) est très proche. Nous avons déjà souligné que la cuisine fait partie des grandes activités du confinement (#restezchezvous diary #6). Aujourd’hui, soit parce qu’on est moins chez soi, soit parce qu’on a moins de temps pour cuisiner, le nombre de visites sur ces sites de recettes baisse.
Néanmoins, la situation n’est pas exactement la même pour ces deux catégories de sites. Pour les sites d’entertainment, malgré la hausse des usages durant le confinement, le niveau actuel est en dessous de ce qu’il était avant le confinement (l’attrait retrouvé des loisirs extérieurs) : il en va notamment de YouTube et Netflix (cf ci-dessous). Quant aux sites de recettes, s’ils ont effectivement enregistré une baisse des visites dés le déconfinement initié, ils restent à des niveaux d’audience supérieurs par rapport à la période avant le confinement comme en témoignent les chiffres d’audience de 750g.com et cuisineactuelle.fr.
- Normalisation
Certains secteurs d’activités ont été mis à l’arrêt pendant le confinement. Typiquement, le tourisme et le voyage. Avec le déconfinement, l’activité redémarre, mais la menace de la maladie (et de ses conséquences sur nos possibilités de déplacement) fait que la situation n’est pas encore revenue à la normale. Il en va de même pour les sites de shopping : pendant le confinement on a peu consommé (extra alimentaire) ; depuis le déconfinement, on s’autorise des plaisirs, d’autant plus qu’on a fait des économies. Dans les deux cas ci-dessus, au global, l’activité demeure inférieure à ce qu’elle était avant le confinement.
Autre champ : les recherches d’emplois ou de logement qui ont de fait été bloqués pendant le confinement et qui aujourd’hui reprennent. En ce qui concerne l’immobilier, on peut se demander s’il s’agit d’un « rattrapage » de désirs qui ont été empêchés par le confinement, ou si c’est le confinement qui a généré de nouveaux désirs de changements. Impossible à ce stade de dire s’il s’agit ou non d’un phénomène transitoire ou d’une tendance plus durable.
Ci-dessous quelques chiffres pour quelques sites en particulier (à noter Amazon n’apparait pas ici, car il continue à pâtir des décisions de justice qui limitent son activité en France).
- Impact positif
Enfin, ceux qui ont bénéficié du confinement, et qui continuent sur leur lancée.
Tout d’abord nous trouvons les services de livraison, toujours plus utilisés qu’en temps « normal », soit parce que les boutiques physiques ne sont pas encore toutes ouvertes soit parce qu’on hésite encore à s’y rendre.
Ensuite les grandes surfaces de bricolage et d’aménagement : le bricolage a été l’une des activités majeures du confinement, donc certains sont peut-être en manque de fournitures, ou ils ont encore des travaux à terminer.
Enfin, de façon intéressante, on trouve les services d’autoformation : certains d’entre nous ont profité de la période de confinement pour apprendre une langue étrangère, et ils continuent à le faire !
A l’issue de ces quelques observations sur l’activité digitale post confinement, nous pouvons déjà affirmer que certaines tendances révélées par le confinement sont toujours d’actualité : DIY, cuisine, autoformation. Seront elles des éléments du “new normal”, cela reste à voir…
respondi France
1 Depuis 2016, une partie de notre panel français a accepté de partager ses données d’usages de navigation avec nous. Ici nous utilisons les données collectées à partir du 1er mars 2020. Sur cette période, échantillon nat rep n=1983. Mesures réalisées sur desktop + mobile (sauf apps bien sûr).