Mange-t-on différement en confinement?
La nourriture est un enjeu majeur durant le confinement : quels produits trouve-t-on, où, lesquels sont manquants… Et puis il n’y a plus de nourriture à emporter, ou du moins le choix est plus limité… les fast-foods sont fermés, on doit tout faire soi même, … pas d’autre solution que de faire la cuisine soi même ! Pour certains, c’est plutôt incongru, pour d’autres c’est une façon de joindre l’utile à l’agréable, puisque c’est une distraction qui répond parfaitement aux contraintes du confinement à domicile !
Ces deux types de motivation, comme mentionné dans nos précédents diaries (cf #restezchezvous diary #4), expliquent l’augmentation des visites sur les sites de recettes de cuisine depuis la mise en place du confinement. Ci-dessous, quelques chiffres qui comparent les usages de ces sites en ce moment avec ceux mesurés l’année dernière à la même période1.
En période de confinement, plus de personnes visitent des sites de recettes de cuisine (avec, notons-le, même en confinement, des différences significatives entre hommes et femmes), plus souvent, et plus longuement. Nous pouvons aisément faire l’hypothèse, que les visiteurs supplémentaires ne sont pas des fans de cuisine en principe, et qu’ils y viennent (à la cuisine) du fait du contexte. Par ailleurs, l’allongement important de la durée des visites montre que l’on passe beaucoup plus de temps à choisir ses recettes et/ou qu’on les suit scrupuleusement pas à pas.
Creusons un peu plus pour dépasser la question des pratiques internet, et accéder aux conséquences du confinement sur nos pratiques offline, relativement à l’alimentation.
Pour cela, nous avons « scrapé » (aspirer le contenu des pages web) les pages de recettes de cuisine visitées par nos panelistes sur 3 sites majeurs de recettes : Marmiton.org, cuisineaz.com, cuisineactuelle.fr 2 . Nous avons récupéré les informations suivantes : le nom de la recette, le temps nécessaire pour la réaliser (préparation + cuisson), le niveau d’expertise requis et le coût (zones encadrées en jaune ci-dessous).
L’analyse de ces informations est conforme aux données de navigation présentées; la cuisine «en confinement » est plus simple (plus rudimentaire) que celle que l’on vient chercher sur ces sites en temps normal. Ce sont des recettes plus faciles, plus économiques …
… et qui nécessitent moins de temps (10% en moins en moyenne / 5 mn).
Mais plus précisément, en quoi mangent ils différemment ? On a comparé les recettes visitées avant et après le confinement et réalisé ce nuage de mots qui est basé sur ceux qui sont sur représentés en période de confinement.
Et bien, c’est clair. En confinement, les gens cherchent (plus que d’habitude) des recettes qui sont faciles et rapides à réaliser. Plus précisément nous pouvons isoler deux types de recettes.
Les recettes de la cuisine quotidienne, à partir d’ingrédients de base (œufs, riz, poulet), visiblement nombre d’entre eux ont aussi essayé de faire leur pain eux-mêmes. Et la pâtisserie, pour amener un peu de douceur, gâteaux (au chocolat, aux pommes, à la noix de coco…), brioche…
Pour conclure, le confinement a de facto forcé ou attiré de nouvelles personnes à cuisiner, qui auparavant ne le faisaient pas. Deux types de personne semblent être concernés, ceux qui sont venus à la cuisine par nécessité (par absence d’autre solution) et ceux qui voulaient profiter des joies de la pâtisserie !
respondi France
1 Depuis 2016, une partie de notre panel Français a accepté de partager avec nous leurs données internet (navigation web, usages des apps) : ils ont installé un logiciel / une app sur un ou plusieurs de leurs appareils connectés qui enregitre ce qu’ils font en ligne. Ici nous avons compare les mesures relevées après le confinement (du 16 Mars au 20 Avril) avec celles collectées en 2019 dans la même période. Echantillons national représentatifs (genre, âge). Taille d’échantillon, en 2019 n=1913, en 2020 n = 1836.
2 8051 recettes scrapées entre le 15/01/2020 et le 20/04/2020. 4223 avant le confinement et 3828 aprés.